Je suis monté dans pas mal de taxis .. tout simplement pour me payer le luxe de ne pas attendre une heure durant un bus bondé ou lorsque j’était pressé. Et je dois dire que plusieurs fois de suite, les chauffeurs de taxi m’ont épatés.
Chacun avait une vision particulière des choses. Très peu, malheureusement, se sont contentés d’effectuer leur course et de prendre soin du confort de leur client. La plupart se sentaient obligés de parler de TOUT et de RIEN.
Beaucoup m’ont parlé de manière nostalgique du temps de Bourguiba, je voyais pas ce qu’il y avait de nostalgique dans ce temps la mais je gardais l’air de celui qui n’est pas vraiment ici, qui a des soucis en tête, bref de celui qui n’a rien à branler du fait que c’était mieux avant. La plupart guettaient en effet mes réactions …
D’autres, que j’ai trouvé plus sympathiques, peuvent vous parler du temps qu’il fait comme du pourquoi du comment qui explique la défaite l’équipe TUN à la CAF. C’était semble-t-il du au fait que nos joueurs adorent tous ce qui est rond … intéressant comme point de vue.
Mon chemin a également croisé un chauffeur de taxi zen. Même une bombe nucléaire ne l’aurait pas étonné. Il traversait la ville, comme certains traversent leur vie, trankil.
Un autre encore m’a proposé de faire une chirka (association commerciale) pour amasser ce qu’il fallait d’argent pour « brûler » en Italie ou en France. Le principe de notre collaboration aurait été simple : Je scannerais les billets d’argent avec un scanner/imprimante pour que lui les distribue au hasard de ces courses. Je suis arrivé in extremis à lui expliquer que ce genre d’association ne m’intéressait pas vraiment ...
Mais le taxiste dont je me souviendrais toujours est un taxiste clandestin. Muni d’une vieille 405 il s’arrêta de lui-même pour nous proposer une course à bon prix. J’acceptais avec beaucoup de réticences le deal. Sans s’arrêter au fait qu’il grilla méticuleusement tous les feux de croisements qu’on a rencontré sur notre chemin, et qu’il me donna l’impression de rouler dans une voiture volée conduite par un repris de justice, le fait est que ce type m’a donné un conseil dont je me rappelle jusqu’à maintenant :
Ceux de qui tu dois avoir peur, ce sont ceux qui te font des faveurs.
Son conseil tourne encore dans ma tête ... avait-il raison ? L’amitié échapperait-elle à cette règle du donnons–donnons ?